Pour comprendre le modèle économique, il est essentiel de cerner les principales sources de revenus qui permettent à un label indépendant de subsister. Souvent, ces structures jonglent avec plusieurs piliers financiers.
1. Les ventes physiques et numériques
Bien que l’ère du streaming ait profondément révolutionné l’industrie musicale, les ventes physiques (vinyles, CD) et numériques restent importantes pour les labels indés. Les vinyles, par exemple, connaissent un véritable renouveau : en 2022, les ventes de vinyles ont dépassé celles des CD pour la première fois depuis les années 1980 (source : Recording Industry Association of America).
- Les vinyles : Leur fabrication coûte relativement cher (compter entre 8 et 15 € par exemplaire selon les volumes), mais leur marge est souvent intéressante avec un prix de vente autour de 20 à 30 €. De nombreux fans de musique indé privilégient ce format pour son cachet authentique.
- Les CDs : Ils sont moins populaires qu’il y a 20 ans, mais restent un support utile, notamment pour les concerts ou le merchandising.
- Les ventes numériques : Les plateformes comme Bandcamp offrent des revenus directs et plus équitables que les grandes plateformes de streaming (Spotify, Apple Music), où les artistes ne perçoivent qu’une infime partie des royalties (environ 0,004 € par écoute sur Spotify).
2. Le streaming : une source de revenus controversée
Le streaming est aujourd’hui au cœur de la consommation musicale. Néanmoins, il pose un véritable casse-tête pour les labels indépendants. Bien que ces plateformes permettent une visibilité mondiale, les revenus qu’elles génèrent sont souvent maigres. Pour un million d’écoutes, un artiste ou un label peut espérer toucher entre 3000 et 5000 € sur Spotify. À titre comparatif, seules les stars à très forte audience arrivent réellement à en tirer des profits conséquents.
Certaines alternatives émergent, comme Tidal ou Bandcamp Streaming, qui partagent mieux leurs ressources avec les artistes et labels. Mais pour l’heure, il reste difficile pour les petits labels de faire du streaming leur principale source de revenus.
3. Les concerts et événements live
Les live ont toujours occupé une place stratégique pour les indépendants. Non seulement ils créent une vraie connexion avec le public, mais en plus ils permettent de générer plusieurs sources de revenus :
- Organiser des tournées ou concerts où une partie des recettes est reversée au label.
- Vendre des disques, des vinyles et du merchandising directement aux spectateurs, souvent sans intermédiaire.
- Proposer des formats hybrides, comme des showcases ou livestreams, un format en essor depuis la pandémie COVID-19.
4. Subventions et partenariats
De nombreuses structures indépendantes se tournent vers des subventions publiques, notamment en Europe, où l’aide à la culture reste conséquente. En France, par exemple, le Centre national de la musique (CNM) soutient divers projets de production et de diffusion musicale.
Certains fonds sont également alloués au niveau régional ou local, par des institutions ou des associations, dans l’objectif de promouvoir les talents locaux. Les partenariats avec des entreprises privées, comme des marques d’instruments ou de logiciels, complètent souvent ce modèle.
5. Le merchandising : une activité clé
Vente de t-shirts, hoodies, posters, stickers... Le merchandising offre une marge très intéressante aux labels. En effet, les coûts de production sont relativement bas par rapport au prix de vente. Mieux encore : les produits dérivés créent une forte valeur ajoutée en termes de branding pour l’artiste et le label.
6. Licences et synchronisation
Les licences permettent aux labels de profitabiliser les droits musicaux de leurs artistes. Par exemple, une musique peut être utilisée dans une publicité, un film, ou encore un jeu vidéo. La synchronisation est une source de revenus très prisée car elle repose sur l’exploitation de chansons déjà produites, sans nécessiter de nouveaux investissements.
Un exemple marquant : le titre « Young Folks » du groupe indépendant Peter Bjorn and John a explosé après avoir été utilisé dans une publicité Nike, générant des millions de streams supplémentaires et des revenus liés aux licences.